« Chacun de nous arrive à prendre trois semaines de congés dans l’année »
Au Gaec de l’Etre-Maitrie, dans l’Orne, Édouard Jarry et son associé s’organisent pour partir en vacances trois semaines par an chacun.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Avec son cousin et associé Ugo, Édouard Jarry élève 110 vaches laitières, pour une production de 800 000 litres de lait, sous contrat avec la fromagerie Gillot en AOP Camembert de Normandie et AOP Pont-l’Évêque. Le Gaec exploite aussi 250 ha, dont 80 ha de cultures de vente, et une unité de méthanisation. Il emploie un salarié à temps plein et un deuxième à temps partiel. « Dès mon installation, j’ai fait en sorte de prendre des congés, confie Édouard Jarry. Depuis le départ, nous sommes toujours partis au moins une semaine en vacances. Maintenant, chacun de nous arrive à prendre trois semaines dans l’année. »
Des vacances qui représentent « une bonne coupure » selon lui, afin de profiter de ses cinq enfants, âgés de 10 mois à 14 ans. Il faut préciser que l’éleveur cumule les engagements : « je fais du théâtre, je suis à l’association des parents d’élèves, au club de foot des enfants », liste celui qui est aussi président de son canton au sein du service de remplacement.
« L’un de nous reste toujours joignable »
Son expérience avec les services de remplacement agricoles commence avant même qu’il ne décide de devenir exploitant. « J’ai été agent de remplacement sur les week-ends pendant environ trois ans, explique-t-il, ce qui m’a permis de découvrir pas mal de choses ». Puis, lorsqu’il rejoint son cousin sur le Gaec en 2013, tous deux choisissent d’adhérer au service de remplacement.
S’ils y font de temps en temps appel pour partir en congé, en fonction de la charge de travail et de la période de l’année, ils ont également eu l’occasion d’éprouver d’autres motifs de remplacement. « J’ai eu besoin du service de remplacement plusieurs fois, se souvient Édouard. La première fois, pour mon congé paternité lors de la naissance de mon deuxième enfant en 2013, puis pour tous les suivants. Et j’ai également été remplacé à plusieurs reprises pour des soucis de santé. »
Quant à l’organisation des congés, « on ne part jamais en même temps, il y a toujours un associé sur l’exploitation, prévient-il. Il peut arriver que l’agent soit tout seul pendant un week-end, mais l’un de nous demeure toujours joignable. » Pour celui qui reste sur l’exploitation, « la relation avec l’agent de remplacement est forcément différente » de celle avec l’associé, puisqu’il ne partage pas les décisions relatives à la gestion de l’exploitation. « Mais nous n’avons jamais eu de mauvaises expériences, observe l’exploitant. C’est d’ailleurs souvent le même agent qui vient chez nous, il a ses repères. »
Être précis dans les consignes
Les salariés du service de remplacement sont formés à tout type d’exploitation, mais pour favoriser la transmission, une « visite d’accueil » a lieu un peu avant le départ, « pour qu’ils viennent voir comment ça se passe sur l’exploitation ». « On leur demande aussi de lire le DUERP » (1), qui est affiché dans les bureaux, détaille l’éleveur.
« Il faut être très précis dans les consignes, et puis un maximum ordonné, conseille Édouard. Ce qui nous paraît logique ne l’est pas forcément pour la personne en face de nous. Et c’est plus compliqué pour quelqu’un qui n’a jamais eu de salariés. »
Les associés ont ainsi l’habitude de fonctionner avec un tableau pour transmettre les informations, et toutes les opérations à effectuer. « Les agents font globalement tout, sauf quelques tâches comme les traitements, liées à du matériel précis ou des choses dangereuses, que nous préférons effectuer nous-mêmes ».
Anticiper ses congés
Dans son canton, le service de remplacement dispose de quatre salariés, dont deux opèrent au sein de groupements d’employeurs fermés d’une dizaine d’exploitants. Les deux autres salariés se déplacent chez tous les adhérents du service de remplacement. S’ils ont vocation à prendre la relève des exploitants durant leurs vacances, ils interviennent aussi dans le cas d’accidents et maladies.
« Pour être remplacé, il faut s’y prendre à l’avance, surtout pour avoir une semaine de vacances », souligne l’éleveur. « Là, le planning est déjà plein jusqu’au mois de septembre », indique-t-il au début du mois d’avril. « Moi, j’essaie de partir en vacances en période calme, mais certains arrivent quand même à partir l’été. »
Avec une cotisation annuelle de 80 euros par actif exploitant, le service ne requiert pas d’engagement minimum sur un nombre de jours dans l’année. « Dans notre canton, le service de remplacement est utilisé à 100 % par des éleveurs », une situation qui tient surtout à la spécialisation de la région. « Je pense que la nouvelle génération d’agriculteurs part plus en vacances. Le crédit d’impôts pour congés (lire encadré) encourage les exploitants à faire appel au service de remplacement », observe-t-il.
Une sécurité pour les exploitations
Depuis trois ans, Édouard assure également la présidence du service de remplacement dans son canton. Un rôle « pas toujours facile » reconnaît-il, qui consiste à être le « médiateur entre les salariés, les responsables de plannings et les adhérents ». À cela, il ajoute une autre mission parfois compliquée : le recrutement des salariés du service.
« Il faudrait que les gens s’investissent plus dans des groupes de remplacement. En fait, ça sécurise les systèmes d’avoir des services de remplacement avec des salariés qui connaissent les exploitations. Parce qu’aujourd’hui, on arrive dans des situations avec des pénuries de main-d’œuvre partout. Avoir des gens formés qui connaissent les fermes et qui sont prêts à dépanner, c’est quand même très important », insiste Édouard.
À l’avenir, l’exploitant confie que lui et son associé aimeraient « rentrer dans un petit groupement d’employeurs » du service de remplacement, avec un salarié propre à ce groupement, qui pourrait venir régulièrement sur l’exploitation et leur permettre de « se libérer davantage de temps ».
(1) Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels
Pour accéder à l'ensembles nos offres :